- DROGMAN
- DROGMANDROGMATerme qui, dans un sens général, désigne un interprète entre les Européens et les peuples du Proche-Orient (de l’arménien terjuman : interprète); mais drogman, dans un sens plus étroit, s’applique aux interprètes officiels de la Porte avec des diplomates occidentaux; à partir de 1665, le grand drogman apparaît comme le chef des services diplomatiques ottomans. Jusqu’en 1821, le poste fut toujours entre les mains de Phanariotes (Grecs de Constantinople) et le grand drogman finissait sa carrière comme gouverneur (hospodar ) d’une des principautés danubiennes (Moldavie ou Valachie). Les diplomates occidentaux trouvaient en outre nécessaire d’engager des drogmans pour faciliter les négociations avec les autorités ottomanes; il s’agissait généralement de Grecs, d’Arméniens ou de Levantins. C’est pour se passer de leurs services coûteux et ambigus que Colbert fonda en 1669 à Constantinople l’École des jeunes de langue, qui fut bientôt établie à Paris et qui devint l’École nationale des langues orientales, actuellement Institut national des langues orientales vivantes. En 1877, la Grande-Bretagne décidait à son tour de former ses propres drogmans.• déb. XIIIe; it. dragomanno, gr. byzant. dragoumanos « interprète » → truchement♦ Vx Interprète, dans les pays du Levant. « Je me rendis chez le drogman de Son Excellence » (Chateaubriand).drogmann. m. Nom donné autrefois aux interprètes dans les pays du Levant.⇒DROGMAN, subst. masc.VieuxA.— HIST. [Dans l'Empire ottoman] Interprète en fonction dans les ambassades et consulats européens. Un drogman polyglotte; le premier drogman :• J'ai entendu, de cette oreille-ci et de celle-là, un premier drogman d'ambassade, citoyen de Constantinople depuis plus de vingt-cinq ans, m'affirmer avec une entière candeur que, dès le coucher du soleil, nulle maison de Stamboul n'avait le droit d'éclairer une seule de ses fenêtres donnant sur la rue!FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, p. 251.B.— P. ext. Interprète (généralement en Orient). Honnête, parfait drogman; drogman arabe, grec, turc. Je ne sais pas trop comment aborder le nouveau Ministre qui ne sait pas un mot de français. Mon fils étant parvenu à parler couramment le Russe, je vais le lui proposer pour drogman : qui sait s'il en voudra? (J. DE MAISTRE, Corresp., 1808-10, p. 42).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1762-1932. Les éd. de 1798-1878 enregistrent également dragoman, transcrit ds LITTRÉ et DG : drà-gò-man, déjà considéré comme un barbarisme ds FÉR. Crit. t. 1 1787. Noter en outre, ds DG, la forme drogoman : drò-gò-man. Étymol. et Hist. Ca 1200 drogeman « interprète » (Antioche, éd. P. Paris, I, 85); 1213 droguement (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 197, 25); 1553 id. (P. BELON, Observations, II, 82 ds R. Philol. fr. t. 43, pp. 188-189). Prob. empr., comme l'a. prov. drogoman et l'ital. dragomanno, au gr. byzantin
, lui-même empr. à l'ar. d'Égypte
[ar. litt.
, cf. truchement (FEW t. 19, p. 182)]. Fréq. abs. littér. :111. Bbg. HOPE 1971, pp. 186-187. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925] p. 412. — WIND 1928, p. 39, 141, 199.
drogman [dʀɔgmɑ̃] n. m.ÉTYM. Déb. XIIIe, drogeman; droguement, 1213; ital. dragomanno, grec byzantin dragoumanos « interprète »; arabe tǎrdjũmān. → Truchement.❖♦ Vx. Interprète, dans les pays du Levant (→ Polyglotte, cit. 1). || Les drogmans de l'ambassade de France à Constantinople. || Le titre de drogman a été supprimé en 1902.1 Je me rendis chez le drogman de Son Excellence (…)Chateaubriand, Itinéraire…, LVIII.2 Ce personnage si triomphant n'était autre qu'un drogman qui sert de guide aux voyageurs dans leur tournée de Grèce (…)Th. Gautier, Constantinople, p. 41.
Encyclopédie Universelle. 2012.